lundi 5 octobre 2020

2 septembre 2020 : Changement du mouton de la cloche de l'église Notre Dame de Beauvezer à Miramas le Vieux

 

Le 2 Septembre2020, en notre beau village de Miramas le vieux, deux campanaires (campana, la cloche en latin…) des entreprises Bodet et Poitevin se sont attaqués à un chantier intense et sportif. Il fallait changer le mouton de notre cloche dont le bois était en partie pourri. Le mouton, ou joug, est la pièce de bois qui porte la cloche. Le chantier s'est étalé sur un jour et demi sous un beau ciel bleu et le petit escalier en colimaçon qui jouxte l’église et qui donne accès au toit a vu passer beaucoup de monde ce jour là !  Les encoches dans la pierre montrent que le clocher était prévu pour recevoir 3 cloches. La date de 1574 est gravée en haut du pinacle.


Le pinacle daté de 1574.








La cloche a été déposée sur le bord de la fenêtre dans la matinée.


Le travail suivant a consisté à démonter toutes les ferrures, cad les brides qui solidarisent les trois morceaux de bois et les anses de la cloche. A la partie supérieure du mouton, un boulet a été utilisé pour servir de contrepoids, ce qui, selon les campanaires, est assez rare. A noter que toutes les pièces ont été fondées à la main.

Le bois du mouton porte la date 1851.


La cloche porte la date 1776 et l’ inscription H.GALOPIN FECIT (H.GALOPIN L’ A FAITE). Elle porte un décor religieux (une croix) et un décor animal (ce qui est plus rare que les rinceaux de feuillages classiques)  à savoir un lézard qui semble se dorer au soleil…




  




Les pièces neuves, en chêne, vont être montées sur le toit pour être taillées sur mesure et sur place, pendant l’après-midi.

Il faut aussi adapter la forme des niches latérales dans la pierre, qui recoivent l’axe et le poids de la cloche, ce qui est un travail difficile pour les campanaires.





Ce délai nous a permis d’étudier les inscriptions sur la cloche : 

« A fulgare et tempestate libera nos domine »

«de la foudre et de la tempête, libère nous Seigneur » c’est une inscription assez fréquente sur les cloches anciennes car, selon une croyance trés répandue à l’époque, les cloches des églises étaient supposées éloigner les orages.

Au 18ème siècle, le sonneur avait l’obligation de sonner les cloches en cas d’ orage pour protéger la paroisse et il arriva que ceci attire la foudre sur le clocher …et sur le sonneur.

 « Pendant un orage, le sonneur de Ladepeyre (Aveyron), Pierre Boudes, alors que les paysans tremblaient pour leurs récoltes, monta au clocher pour tenter de conjurer le danger en sonnant les cloches, suivant un préjugé indéracinable dans nos campagnes. Il ne les avait pas plus tôt lancées en volée que le son cessa brusquement. L’imprudent avait été foudroyé. » (Le Petit Journal illustré du 11 septembre 1910).






Notre cloche était actionnée de façon traditionnelle  par une corde et nous pouvons facilement repérer son conduit dans le toit de l’ église mais celui-ci a hélas été bouché lors de la réfection du toit.

Suite de l’inscription « cette cloche a été refondue sous le consulat de Monsieur Joseph David maire et André Chiron se (second) consul, Monsieur Claude Couture* étant curé en l’année 1776. Parrain Joseph Moirou. Marraine Gabrielle David. »

Cet évènement relayé sur facebook nous a valu la charmante surprise de recevoir de la part d’un amateur d’histoire Sébastien Avy, un texte concernant la bénédiction de la cloche avec photo du document (registre paroissial).



« L’an mil sept cent soixante et seze et le vingt cinq aout a été bénie dans le sanctuaire de l’ église paroissiale de ce lieu la grande cloche de la paroisse appelée Marie Gabrielle. Le parrain a été Joseph Moiroux, âgé d’ environ cinq ans, fils à sieur François, bourgeois de ce lieu. La marraine demoiselle Gabrielle Magdelene David, âgée aussi d’ environ six ans, fille à sieur Joseph David, bourgeois et premier consul de cette communauté en présence des sieurs Jean Louis Faubeau lieutenant de juge, Joseph David, maire premier consul, André Chiron second consul et plusieurs autres paroissiens dont les principaux ont signé le présent acte «signatures : Paillet, vicaire ; David, maire ; Faubeau, lieutenant de juge ; Sabat ; Couture, curé.

*L’abbé Couture était curé de Miramas de 1773 à 1791. Une rue de Miramas porte son nom


Le lendemain, la cloche était rehissée à sa place et nous eûmes le plaisir de l’entendre sonner sur le coup de midi.



Les pièces qui ont pu être sauvées, métal et bois, ont été confiées aux Ateliers de la Crau pour réaliser un petit monument qui commémorera cet évènement et sera installé dans le village.

  Geneviève Denoyel

Crédit photo :   Geneviève Denoyel

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Merci à Geneviève qui a pris le temps de nous faire ce très joli reportage!   

Sandra Pons                                                      







1 commentaire:

Unknown a dit…

Quel joli retour dans le temps. Notre village est riche de son histoire.Merci Geneviève de nous avoir conté cette histoire.